Trail d’Écouves – Radon (61) – 13 Juin 2022

Deux Petits Suisses Normands étaient au départ du Trail d’Écouves et du Pays d’Alençon ce dimanche, sur le parcours de 61 km et 2200 mètres de dénivelé positif : l’infatigable Thierry et le très rapide Jean-Christophe (qui a rejoint les Petits Suisses Normands après sa victoire à l’Enduro-Trail du Père Noël). Performance impressionnante pour Jean-Christophe qui prend la 5ème place (sur 176) en 6h31. Thierry, une semaine après son marathon, termine 119ème en 9h33 et 2ème master 5.

Le compte-rendu de Jean-Christophe :  

J’avais déjà effectué ce trail en 2019 (première fois sur un 60 km). Je manquais d’expériences sur ce type de distance mais le parcours était exclusivement en forêt avec beaucoup de « single », quelques passages techniques avec pierres et beaucoup de racines. Il avait fait chaud en ce jour de Pentecôte 2019, même en forêt. J’avais terminé 18ème en 7h32 sur 150 partants. Objectif cette année, même si c’est toujours compliqué d’annoncer un chrono en trail : 7 heures.
 
Après deux années sans pouvoir organiser cet événement phare, les organisateurs ont innové avec de nouveaux parcours dans cette belle et grande forêt à proximité d’Alençon : exigence de tous les instants avec des racines, très peu de portions roulantes sur chemins larges, un balisage pas toujours très visible, deux passages sous des ponts plein d’eau, quelques passages très techniques comme la montée dans le pierrier de la Butte Chaumont.
 
Après une petite nuit chez mes beaux-parents à Alençon, j’arrive 40 minutes avant le départ. Je me dégourdis un peu les jambes et réalise un petit échauffement progressif. Je croise quelques visages connus sur la ligne de départ dont Thierry, le Petit Suisse qui arpente de nombreuses courses tout au long de l’année.
 
Je me place vers la vingtième place à la sortie du stade de Radon. J’effectue les premiers kilomètres tranquillement, malgré le dénivelé qui arrive rapidement : 475 m de D+ et 330 m de D- dans les 10 premiers kilomètres. Devant c’est parti très fort, comme souvent. Je me trouve vers la 15ème place avec deux trailers que je connais, Guillaume Bechet et Sébastien Danjoin. Je me demande si je vais pouvoir tenir longtemps avec eux  (en 2020, je les considérais comme des ovnis du trail). À plusieurs reprises, celui qui mène notre petit groupe de 5-6  hésite un peu, voire fait quelques dizaines de mètres hors trace avant d’être appelé par un des copains qui se rend compte de l’erreur.
 
Un peu avant le premier ravitaillement (kilomètre 18), le petit groupe de 5 s’est réduit à Guillaume et moi. On repart ensemble pour un bon petit bout de chemin où nous remontons régulièrement des concurrents. Vers le 30ème kilomètre, on nous annonce 7ème et 8ème avec déjà 20 minutes de retard sur le premier qui semble sur une autre planète.
 
Un peu après le ravitaillement du 40ème, je décroche Guillaume sans m’en rendre compte au départ et sans vraiment accélérer. J’aurais sans doute gagné à rester avec lui … Le passage de la Butte Chaumont (kilomètre 45) est vraiment un effort violent sur une sente, très escarpée pour commencer, et se finit par un pierrier très large mais très pentu. Même si j’aperçois un concurrent devant moi en haut, j’essaie de ne pas me mettre dans le rouge. Je poursuis en remontant deux autres traileurs. Je suis donc à ce moment-là 4ème et je continue mon effort seul même si je commence à partir du 50ème à vraiment sentir la fatigue s’installer dans les jambes et au niveau cardiaque dans les montées.
 
Malheureusement, vers le kilomètre 55, sur un des rares chemins larges, j’aperçois une rubalise sur le côté mais pas de panneau indiquant de tourner. Je continue de descendre pendant environ 300 mètres sans voir de balisage. Je fais demi-tour, remonte trop vite ce satané chemin et aperçois Guillaume à l’intersection que j’aurais dû prendre et nous nous retrouvons à nouveau tous les 2. J’ai perdu environ 4 minutes bêtement. Sauf que maintenant, je le sens plus frais que moi. Je tente de rester avec lui mais sur les parties raides, il est plus rapide et je dois le laisser partir définitivement. Environ 1 kilomètre avant l’arrivée, un autre concurrent me rattrape et me double. Je tente de rester proche de lui, mais c’est dur. A l’entrée du stade, je suis un peu derrière lui, mais je décide de lancer le sprint et je le double à 2 mètres de la ligne. Nous finirons le trail dans la même seconde, départagé au centième de seconde en ma faveur pour finalement être 5ème en 6h31’39 » à trois minutes de Guillaume 4ème. Le vainqueur finit en 5h40 avec plus de 30 minutes d’avance sur le 2ème !!!
 
Que retenir de cette nouvelle aventure : surpris de ma performance et qu’il est important de partir tranquillement à son rythme sur ce genre d’effort. C’est réellement un « vrai trail » avec pour 61 kilomètres, un dénivelé certes pas montagnard (2200 m de D+), mais qui est intéressant pour ceux qui sont en préparation. Eh oui, l’UT4M c’est déjà dans 5 semaines. Quant au tracé, pas un mètre de route, c’est du jamais vu je pense, c’est vraiment top ! On serpente dans cette magnifique forêt d’Écouves en long, en large et en travers et cela peut même donner le tournis. Enormément de « single » et peu de passages roulants où l’on peut allonger la foulée. 
 
Le compte-rendu de Thierry :

Il fait frais ce matin mais la chaleur va grimper. Cette année le parcours est modifié : une partie est inversée et une nouvelle portion proposée. Jean-Christophe, nouveau PSN, David et Rébecca sont là. Le départ est donné et après un premier tour du terrain, nous gagnons le sous-bois et les premières montées. Au sommet d’une butte, un photographe est là mais je n’ai pas le temps de prendre la pose. Arrivé au ravito (km 18), je prends le temps de recharger ma poche et de manger car j’ai faim après 2h30 de course. Je repars avec David et Rébecca pour la montée au Signal d’Ecouves, point culminant de l’Orne à 404 mètres. Heureusement que nous sommes en sous-bois car la température monte mais à l’ombre, c’est supportable. A l’approche du 30ème kilomètre, nous empruntons un passage dans les rochers qui se rapproche de l’escalade. Un signaleur indique « pied gauche, pied droit » pour passer la difficulté. Comme nous sommes sur la portion inversée, je me dis que c’est plus facile dans ce sens mais ce n’est pas vrai pour la descente qui suit. En fait, c’est toujours les descentes les plus délicates car il y a la crainte de la mauvaise réception et de la glissade.

Passé le km 31, le tracé est en aller-retour à peu de distance et alors que je redescends, je vois Rébecca qui monte. Peu avant le km 34, au carrefour Madame, est situé le deuxième ravito. Je mange et bois et tente de motiver 2 coureurs qui veulent abandonner. Rébecca et David arrivent ; il a mal au pied et se demande s’il va aller au bout. Je repars devant et après le km 37, nous longeons un étang et cela casse la monotonie du sous-bois. Au km 40, je repars avec Rebecca car David a abandonné. Nous longeons un ruisseau et c’est plutôt roulant; voila une portion agréable.

Un peu plus loin, nous traversons la route par le ruisseau et nous avons l’eau à mi-cuisse. Passé le km 43, c’est la montée bien sèche de la Butte Chaumont. Ensuite, nous descendons le long d’un pierrier, formation glacière assez rare dans notre région. Nous pensons en avoir terminé mais il faut remonter un peu plus loin dans le pierrier sur des rochers pas toujours bien stables. Heureusement que les kilomètres suivants sont un peu plus faciles car je suis bien émoussé. Il faut être attentif car les racines ou les pierres rendent les sentiers « techniques ». Passé le km 52, je butte sur une racine et tombe en me réceptionnant mal et je me retourne les doigts de la main gauche. Je me relève et repars en marchant mais arrivé au pied de la montée suivante, je suis obligé de m’asseoir car j’ai la nausée. Au bout de 5 minutes cela va mieux et je repars doucement. Après la montée, il y a la descente qui nous ramène à la route où je vois Marc Lecoeur qui fait des photos. Je discute un peu et repars tranquillement. Il reste moins de 10 km et je vais terminer car les jambes vont encore bien. Passé le km 56, ils nous refont le coup de passer sous la route dans le ruisseau puis, une longue montée nous approche du km 59. Globalement, le reste du parcours est descendant mais il y a encore de petites montées qui attaquent le moral. Enfin, j’entends le speaker et bientôt je retrouve le terrain où est située l’arrivée. Ouf, la ligne est passée. Je retrouve Jean-Christophe qui a terminé 5ème et Rébecca arrive peu après. En synthèse, un vrai trail bien cassant.