→ Pologne 2019 (A.R.E.C)

Pour cette année 2019, annulation du gros raid prévu en août, suite au décès accidentel de notre pote Juju début janvier (il faisait partie de l’équipe en Russie en 2017 et en Suède/Finlande en 2018). Après avoir refusé deux propositions d’équipes pour des A.R.W.S (Coupe du Monde) pour des raisons de calendrier, Thibaut R a fini par accepter (avec grand plaisir) à la mi-mai la proposition d’Anne M, Patrice M (Pacaraid) et Sébastien C (Team GC) pour le Championnat d’Europe 2019, disputé en Pologne du 16 au 19 juillet. Un joli petit programme avec 533 km à réaliser en 100 heures maximum. 

Malheureusement, cette aventure ne s’est pas très bien passée du point de vue sportif (car c’était parfait du point de vue humain, ce qui est l’essentiel !) avec la mise hors-course de l’équipe (suite à une barrière horaire dépassée), puis l’abandon de Thibaut, souffrant d’une infection pulmonaire, contractée avant la course. Des moments (très) difficiles, mais que la cohésion et la solidarité de l’équipe ont un peu atténué. Mais il se murmure que ces quatre là referont équipe un jour …

Thibaut, Anne, Patrice et Sébastien

QUELQUES IMAGES DE L’AVENTURE :

LE COMPTE-RENDU DE THIBAUT :

Comme vous l’avez peut-être suivi, notre aventure polonaise ne s’est pas passée comme espérée. La faute principalement à une infection pulmonaire attrapée la semaine précédente (et transmise au reste de la famille a mis plus d’un mois à s’en débarrasser). C’est donc dans ces conditions (mais avec une situation qui s’améliorait nettement) que j’ai rejoint mes trois équipiers, Anne et Patrice (Pacaraid) et Sébastien (Team GC), à Cracovie le lundi 15 juillet. Un peu de réparation pour mon VTT (vive le transport aérien !), la préparation des différentes caisses pour les transitions, avec une efficacité qui nous a même surpris (on progresse à chaque fois).Briefing (très) rapide et une vraie nuit de repos (pas si fréquent) avant la course.

Départ en canoë pour 55 km, d’abord sur un lac puis sur la rivière, après un portage des canoës entre les deux. Du vent de face à l’aller sur le lac et donc beaucoup d’eau projetée. Malgré la température clémente, j’ai très vite froid. Au bout du lac, il faut aller chercher une balise à pied, en restant dans le lit de la rivière. Plusieurs traversées avec de l’eau parfois jusqu’à la taille. Je tremble de partout et je peine à me réchauffer, alors qu’il y a du soleil. Retour sur le lac, avec en court de route, une balise à aller pointer à la nage. Cela continuera d’aggraver ma situation, même si l’eau n’est pas très froide.

Au bout du lac, on sort les canoës, on les attache tant bien que mal sur les chariots et c’est parti pour 2 km à pied. Je ne suis déjà pas très utile à l’équipe. On rejoint la rivière où je m’équipe chaudement (goretex + pantalon k-way). Je n’ai plus froid mais je n’ai aucune force. Je pagaie comme un zombie, la tête à moitié posée sur mon sac à dos devant. Cette partie est plutôt sympa (même si je n’en profite pas vraiment) avec un passage dans des gorges et quelques rapides. On double beaucoup de radeaux touristiques, polonais (rive gauche de la rivière) et slovaques (rive droite). Par contre, difficile de leur arracher un bonjour … On finit la section au bout de 9 heures, ce qui conforme à nos prévisions, malgré ma (toute) petite forme.

Vêtements secs, repas et c’est reparti pour un gros trek de 50 km et quasiment 3000 m de D+. Au bout d’une demi-heure, je n’ai plus de force et je n’arrive pas à respirer (nous n’avons pourtant fait que marcher). La situation s’aggrave lentement, je me fais tracter par les équipiers, notamment par Anne qui est impressionnante de régularité. Les gars gèrent l’orientation franchement pas évidente sur du 1/50 000, mais s’en sortent vraiment bien (même si on se rend compte après que certains choix auraient été meilleurs).

L’éclipse de lune, c’est beau !! Les chiens qui aboient dans les montagnes, beaucoup moins sympa. Je respire de plus en plus mal, alors que nous en sommes à la moitié du trek. Anne me donne des médicaments, mais ça ne va pas mieux. On progresse à vitesse réduite, mais ça avance. Au lever du jour, les médicaments commencent à faire effet et je retrouve quelques forces. Cela me permet de prendre un peu la carte et de discuter avec les copains, c’est-à-dire de profiter enfin un peu du raid.

En fin de section, gros dilemme. Nous aurons du mal à tout prendre et à arriver à la barrière horaire à la transition. Que faire ? On décide finalement de monter à la balise 13, en prenant le risque de ne pas être à l’heure (quelques péripéties pour y arriver, mais on la pointe finalement). Pour aller à la transition, la route directe est interdite (la solution aurait été de la prendre, ce qui n’est pas très logique …). Trois (autres) itinéraires sont possibles ; la version Nord avec du dénivelé, la version Sud avec traversée de rivière (mais on a un doute sur la possibilité de descendre, à cause d’une digue) et une version intermédiaire, avec un vallon à traverser. On choisira cette dernière, où le vallon sera vraiment profond et la végétation peu sympathique. On arrive donc en retard à la transition, où nous apprenons que nous sommes disqualifiés, et pas simplement en « short course ». Phrase assez laconique de l’organisation : « maintenant, vous faites ce que vous voulez » (sous entendu, ce n’est plus notre problème). Pas facile à encaisser, on fait notre transition tranquillement et on repart en VTT.

Mais au bout d’une heure, je n’ai à nouveau plus de force et la respiration redevient compliquée. Je dis aux copains que j’essaie d’aller à la balise 17 (atelier de cordes) pour abandonner et être récupéré par l’orga. Malgré du tractage, je ne peux pas continuer et on est contraint d’appeler l’orga qui me récupère au bout de 30 heures de course. Fin de course pour moi …

Les copains laissent quelques balises et viennent à bout de cette section VTT de 140 km peu intéressante (beaucoup de route). Je les raterai de peu, ayant été rapatrié entre temps à Cracovie. Ils shunteront le second trek montagne et la section VTT suivante, pour pouvoir profiter de la deuxième partie de course, avec notamment du roller, de la C.O dans le désert, du VTT et de la spéléo. Je les suivrai à distance grâce au tracker GPS, c’est assez stressant aussi. Étant hors course, ils sortaient de temps en temps le téléphone pour envoyer quelques news. J’avais demandé à Seb de m’appeler 2 balises avant l’arrivée pour me permettre de les rejoindre sur la ligne (30 minutes de marche par rapport à notre hébergement).

Je suivais évidemment leur progression au tracker et vers 1 heure du matin (nuit de vendredi à samedi), appel de Seb, pour m’informer de leur position, (très) confiant sur le (peu de) temps restant. Mes calculs (par rapport au temps des vainqueurs) me laissaient penser qu’il leur faudrait encore 2h15-30, mais j’ai rejoint rapidement la ligne d’arrivée. Ensuite, ce fut (très) long ! À la dernière balise, leurs deux boussoles ont commencé à ne plus indiquer le Nord, enfin c’est ce dont les deux orienteurs se sont persuadés … Bilan, une redescente vers le Sud-Ouest (au lieu du Nord-Est) et quelques galères pour terminer. Ils ont finalement franchi la ligne au bout de 90 heures. Un grand bravo à eux !!

Même si je n’ai effectué que 30 heures de course (et toute la déception qui va avec), cela restera néanmoins une très belle aventure avec cette équipe. Pour une première association ensemble (seuls Patrice et Anne avaient déjà couru ensemble), la cohésion s’est faite immédiatement et ces moments de partage procurent forcément beaucoup de plaisir . Un grand merci à mes coéquipiers d’avoir pensé à moi pour cette aventure (et pour tous les p’tits messages vidéos sur ma caméra).
→ Anne, très impressionnante physiquement (merci pour le tractage à pied), déterminée, discrète mais toujours efficace, et qui apporte de la sérénité à l’équipe. 
→ Patrice, un vrai capitaine d’équipe, qui a su créer cette osmose aussi rapidement. Toujours costaud dans l’orientation et au niveau physique. Par contre, il faudra m’expliquer le coup des 3 paires de baskets … dans la même boîte !
→ Sébastien, sous ses airs de déconneur, cache une grande générosité dans l’effort et avec ses équipiers. Pour la chanson, il y a des progrès à faire, mais pour le raid c’est parfait !

Thibaut