Endurance Trail des Templiers – Millau (12) – Vendredi 20 octobre 2023

Le compte-rendu de Jean-Christophe :
 
Départ à 4h du matin pour les 1200 coureurs que nous sommes. Au menu, 100 km et 4200 m de dénivelé positif.
 
Je suis plutôt dans l’avant du peloton pour le départ. Je commence tranquillement en étant à l’aise sur la partie plate et qui monte ensuite jusqu’au kilomètre 8. En haut de la première montée, je ne le sens pas venir, mais brusquement j’ai une douleur intense dans le bas du dos. La tuile ! Je ne m’affole pas, je marche un peu. Je m’étire et je tente de repartir mais c’est très douloureux pour courir, notamment en descente et sur le plat. En montée, ça va. À ce moment-là, beaucoup de coureurs me doublent mais je m’en moque. Mon seul but est d’arriver au premier ravito en eau(km 18) pour voir un point médical. Cela prend du temps. Je m’hydrate et je demande s’il y a un médecin ou un kiné, car cette douleur est vraiment handicapante et je me demande comment cela pourra être possible d’atteindre l’arrivée dans cet état. Quel sens aussi de courir avec cette douleur ? Pas de médical donc je me dis que je verrai bien au km 28 sur le ravito solide. La douleur ne s’amplifie pas, mais cela me gêne quand même pour courir sur le plat. Parfois en descente, je ressens des petites aiguilles dans le bas du dos… J’arrive en 3h19 au km 28 (environ 200ème). Je prends le temps de me ravitailler en solide (cela passe bien) et je recharge mes flasques comme si de rien n’était. Néanmoins, je demande si un kiné est sur place. La sécurité civile est présente à la sortie du ravito. Je leur explique la situation. Elle me donne du paracétamol.
 
Le prochain ravito est 10 km plus loin. Je tente ! Je fonctionne ravito par ravito, mais je sens que ce sera impossible de rallier l’arrivée dans cet état. Cette partie est très technique, ce qui n’arrange pas les choses, mais en montée ça passe. Pratiquement 2h pour faire 11 bornes avec les cailloux, les racines mais ce qui me motivera, c’est que le jour se lève avec du ciel bleu, alors qu’il pleut depuis le départ ! Des paysages magnifiques s’offrent aux coureurs et je prends le temps de savourer. Cela redonne un peu de sens à ce que je suis en train de faire, malgré mes difficultés physiques. J’arrive au ravito du kilomètre 39 (je profite de bien manger sans me priver : pain avec du bleu en fromage ; cela passe bien, pâtes de fruits également). Je tente d’appeler ma femme pour un conseil et pour qu’elle me conforte dans ma décision de vouloir arrêter : répondeur !
 
Même si la prochaine section de 17 km me fait peur (car pas d’échappatoire), je repars sur un coup de tête et bizarrement le kilomètre sur la route en faux plat descendant me réconforte dans mon choix. J’arrive pour la première fois à avoir un rythme normal. Une partie près de la rivière assez plate sur 2 km et j’arrive à bien relancer. La montée suivante est raide sur environ 3 km et je double une dizaine de concurrents. Je retrouve de la confiance en mon corps et en moi pour pouvoir penser finir cette course ! J’arrive au ravito du 55ème kilomètre et je me dis que la mi-course est passée. Maintenant plus d’alternative, quitte à avoir continuer, il faut aller au bout. J’en suis à 7h30 d’effort et j’ai remonté quelques places (167ème). Je m’alimente bien avec yaourt châtaigne maison et un peu de fromage avec un bon bol de soupe. Je me sens requinqué et franchement, j’ai de moins en moins mal. Je repars bien et motivé.
 
La section suivante sera la meilleure au niveau sensation de toute la course. Mais surprise à Saint André de Vezines (km 67), où j’arrive en 9h : que des robinets d’eau, pas de soupe, ni de St Yorre ou Coca : petite déception. Je m’asperge un peu d’eau car je monte enfin en température. Il faudra attendre le prochain ravito (km 77). La pluie revient à nouveau par intermittence. On court cette partie majoritairement à 3. Les douleurs commencent à revenir mais c’est moins présent dans ma tête car je commence aussi à avoir des vraies courbatures ! Km 77 ravito à l’intérieur beaucoup de monde je m’hydrate bien avec de la soupe et je mange un peu. Toujours bien boire, car je m’aperçois que mes urines ne sont vraiment pas claires… Mais en repartant, je sais que quoi qu’il arrive, j’irai au bout. Les sentiers et les paysages sont magnifiques. Tout le monde parle de la dernière montée au Cade (3 km / 500m de D+). Eh bien oui, c’était du costaud et surtout avec de la boue et une petite hypo en plein milieu. Je ne m’affole pas et je prends mon temps pour gérer ce petit coup de moins bien, mais vu la douleur que j’ai enduré avant, je vais le passer sans problème ! Dernier ravito en haut du Cade. Toujours deux soupes et je repars pour les 6 derniers kilomètres. Pas évident, car c’est raide avec beaucoup de boue.
 
Je les gère pas trop mal et je finis du coup en 14h27 à la 127ème place. J’ai vraiment cru que ma course allait s’arrêter au bout de 15 km et vu que c’était la première fois que je me déplaçais hors vacances exprès sur un trail, je me suis dit que ce n’était pas possible de m’arrêter si tôt. En sectionnant la course par petites sections, j’ai réussi à passer outre la douleur du début de course : belle épreuve dans la tête ! Mais après coup, évidemment la douleur était bien réelle et dura une semaine après la course. Heureusement, l’ostéo a j’espère rétabli la situation maintenant !