Occitania Raid – 24 au 26 Juillet 2020

Retour au raid aventure pour Sophie et Tibo, accompagnés par Gaël, sur le Raid Occitania. Pour une reprise, 38 heures et 350 kilomètres, en format 2+1 (deux équipiers en course sur chacune des sections, avec possibilité de changer à chaque transition) entre Millau (Aveyron) et Tourbes (Hérault).
 
20 équipes au départ (11 sont en 2+1, les autres sont en non-stop, majoritairement par 4, avec un assistant qui ne peut pas rentrer), on retrouve pas mal de têtes connues : Nantes Aventure, les bretons de R2O Lorient Raid, Adeorun, Absolu Raid (beaucoup d’équipes), XTTR 63, Baragnas … et Laura, une ancienne PSN désormais licenciée à Valmo.
 
La course commence par un prologue kayak au stade d’eaux vives de Millau le vendredi après-midi. Il s’agit d’un relais avec pour chaque équipier la descente du stade d’eaux vives, deux petits portages au bout pour passer la digue et une remontée à contre-courant sur le Tarn. Une 9ème place de ce court effort qui détermine l’ordre de départ (échelonné toutes les 20 secondes) du raid.
 
Avec un peu de retard, le départ est donné vers 20h15 pour une première section, encore en kayak (!!). Sophie et Gaël se chargent de cette descente du Tarn, sur 7 km, jusqu’au pied du viaduc de Millau. La lumière est magnifique à cet horaire. Pas de changement possible pour la section 2, ils repartent donc pour un run & bike tout plat qui les ramène au départ.
 
La section 3 est composée d’une grosse montée en trail (2,6 km et 480 m de D+) pour atteindre la Pouncho d’Agast, d’une liaison jusqu’à la forêt du Cade et d’une C.O IOF limitée à 30 minutes dans cette zone. Sophie et Tibo s’élancent sur cette section, probablement en 6ème position. Gros rythme sur la montée (30 minutes) qui permet de doubler une équipe, puis une deuxième sur la liaison. La C.O est un parcours permanent ; la principale difficulté, trouver les petits poteaux en bois, le gros avantage, Tibo l’avait fait en famille quelques jours plus tôt. Ce qui leur permet de prendre 13 des 14 balises, ce qui doit être le meilleur score (mais peu de mérite à cela). Dans tous les cas, à 10 minutes la balise, cette C.O n’aura pas d’influence sur le classement du raid (toutes les autres balises du raid valent 2 heures).
 
Pour la section 4, Gaël et Tibo repartent en VTT (28 km / 430 m D+ / 850 m D-) et rejoignent rapidement les Baragnas. Ça roule fort, l’orientation n’est pas facile, certains chemins n’existent plus. Petit demi-tour avec un passage dans un champ avec des chevaux. On retrouve un peu plus loin Alex et Eric (Absolu Raid Nature 46) qui ont galéré aussi à travers bois. Il ne doit pas rester grand monde devant, à part sans doute l’équipe mixte d’Absolu Raid. On roule (vite) pendant un moment à 3 équipes ; une longue descente technique, un peu de route, une entrée de chemin compliquée puis dans une longue montée empierrée, on abandonne les Baragnas qui relâchent un peu le rythme. En fin de section, on fait un choix différent d’Eric et Alex. Sur le papier, le nôtre semble meilleur avec une longue partie sur piste, sauf que le court chemin de liaison n’existe pas ensuite et cela nous oblige à rallonger un peu. Reste la grosse descente technique vers Peyreleau, après avoir pointé la balise à l’ermitage Saint Michel.
 
Le temps de récupérer les bâtons, Sophie et Gaël s’attaquent à la montée vers le champignon préhistorique sur cette courte mais raide section (7 km / 520 m D+). La seconde balise (n° 7) n’est pas là, ils cherchent un peu puis repartent avec les deux équipes d’Absolu Raid qui ont perdu un peu plus de temps. Les XTTR 63 possèdent une bonne vingtaine de minutes d’avance.
 
Gaël et Tibo récupèrent leurs VTT et c’est reparti pour la section 6 (42 km / 720 m D+), toujours de nuit évidemment. Petite erreur d’orientation avant d’arriver à Roquesaltes et ses chaos rocheux. Moins grandiose que de jour, mais la balise est pointée. Très longue descente ensuite, sur chemins puis sur route, pour rejoindre la Dourbie à la Roque Sainte Marguerite, puis une longue remontée par la route jusqu’à Pierrefiche du Larzac. La suite est très sympa avec beaucoup de sentiers (et quelques barrières dans les champs de moutons), et des descentes cassantes, notamment la dernière qui ramène à Nant. L’écart s’est un peu creusé avec les 3 équipes de tête sur cette section.
 
Le jour s’est levé, Gaël et Tibo repartent en trail pour la section 7 (13,5 km / 600 m D+) qui semble plutôt rentable (5 balises). Ça commence par une grosse montée jusqu’au Roc Nantais. C’est un peu difficile pour Gaël qui enchaîne sa 4ème section d’affilé. Pas de souci pour cette balise 13, mais ça se complique ensuite. Il faut revenir un peu sur nos pas, descendre sur un premier sentier, puis bifurquer sur un deuxième et rejoindre le bon. On ne trouve pas une jonction (qui n’existait pas) et on redescend trop (en compagnie d’une autre équipe). On continue à chercher un passage pour rejoindre le sentier en contrebas, mais c’est trop risqué. Demi-tour, 20 minutes de perdues et un peu d’énergie aussi (dur pour Gaël à ce moment). On reprend donc le sentier en bord de falaise (c’est joli, mais un peu plus long que l’option initiale) puis on rejoint une petite ferme (perdue au milieu de nulle part !). Tibo décide d’attaquer cette balise 14 par le haut. Moins de 2 minutes pour l’atteindre et 3 pour remonter, presque trop facile ! Longue descente (pointage de la balise 15) pour rejoindre le village de Cantobre, et petite galère pour trouver la balise 16 (définition : promontoire → on cherchait encore plus haut mais le promontoire était inaccessible). Retour plus roulant, avec pas mal de route, une cinquième balise et un dernier long chemin.
 
À la transition, Sophie s’inquiète de la barrière horaire, en fin de section suivante (après 45 km de VTT). Elle indique que beaucoup d’équipes shuntent la section, en prenant le camion et surtout en exploitant une « faille » du règlement : si on ne passe pas une barrière horaire, shunt de la section en camion avec 10 heures de pénalité et les pénalités des balises de la section. Jusqu’ici, c’est logique ! Sauf que si on décide de shunter une section en camion, on prend les pénalités des balises de la section, mais rien de plus !! Cette possibilité de shunt en camion est très pratique pour l’orga pour éviter que des équipes ne soient trop loin sur le parcours, mais il ne faut pas que ça entre en jeu dans la stratégie de course des meilleures équipes. De notre côté, hors de question de le prendre tant que c’est possible, ce n’est pas l’esprit du raid (nous ne serons que 3 équipes à ne shunter aucune section). Sophie et Tibo repartent donc en VTT sur cette section, mais il y a une grosse pression (2h50 pour passer la barrière horaire) et ça discute moins que d’habitude sur la première partie. Après 5 kilomètres roulant, grosse montée bien raide avec du portage et même quand ça se raplatit, c’est tellement étroit que l’on ne peut pas rouler. Ça rajoute un peu de tension, même si on sait que la suite est plus roulante. Compte-tenu de la barrière horaire, on fait le choix de shunter la balise 20 (un aller-retour qui présente peu d’intérêt / seul placement de balise bizarre pendant le raid) et également de laisser les balises 19 et 19bis, même si on passe juste à côté. On a un zoom pour les atteindre, elles sont situées dans des ravines que l’on doit parcourir à pied. Dommage de ne pas y être allé, mais difficile d’estimer le temps pour les atteindre. Pour la suite de la section, gros rythme sur le Larzac, c’est rarement plat mais ça s’enchaîne bien. On arrive à la transition à 11h15, avec 45 minutes d’avance sur la barrière horaire. Tout ça pour ça 🙂
 
Le soleil commence à taper très fort. Transition rapide et c’est reparti pour Tibo et Gaël en trail, sur une section qui a été un peu modifiée. Une balise a été enlevée (de toute façon, elle n’était pas du tout rentable) et la balise la plus éloignée passe de 2 heures à 4 heures de pénalité. Nous ferons donc les deux balises en aller-retour. La vue est magnifique et ce tracé nous permet de doubler ou de croiser beaucoup d’équipes. Gaël a retrouvé la forme ; c’est un peu plus dur pour Tibo qui enchaîne sa 4ème section d’affilé et surtout qui n’aime pas vraiment la chaleur … Mais on maintient un rythme régulier qui permet de boucler la section en 1h20 et de prendre 1h20 d’avance sur la barrière horaire suivante.
 
La section suivante (déjà la 10ème) est un gros morceau : 45 km et 1100 m de D+ en VTT, en pleine chaleur. Sophie et Gaël effectuent une belle section, en laissant juste la balise optionnelle 35, vraiment excentrée (toutes les équipes la shunteront). Pendant ce temps, Tibo commence à étudier la suite des cartes du raid ; le parcours est bien sympa mais impossible de tout faire, il va falloir shunter quelques balises sur quasiment toutes les sections, dommage …
 
Pour la section 11 (trail de 16 km et 450 m de D+), le début se fait sur carte IGN et 4 balises sont sur une carte IOF très technique. Malheureusement, la distance pour atteindre cette zone nous semble trop importante si l’on veut passer la barrière horaire suivante. Nous prendrons donc uniquement les 2 premières balises (seuls les XTTR 63 iront faire la carte IOF). L’approche de la première est vraiment sympa : on passe dans le lit d’un ruisseau (avec de l’eau, ce qui n’est pas si fréquent par ici) puis on chemine dans le lit de plusieurs ruisseaux asséchés au milieu des terres rouges. Pour la sortie de poste, Tibo tente droit dans la pente ; c’est raide, c’est dur, mais ça finit par passer (pas le meilleur moment du raid pour Gaël !). Pour la suivante, l’indication donnée par un bénévole à la transition nous induit en erreur (nous ne serons pas les seuls). La balise était bien placée, mais la consigne donnée laissait penser qu’elle était située sous une ligne électrique (et donc décalée de son positionnement sur la carte). Bref, il faut grimper, grimper et encore grimper sous la ligne et heureusement, un membre de l’autre équipe l’aperçoit à travers la végétation. Merci à eux ! Fin de section sur la route, c’est long et difficile avec la chaleur.
 
Petit changement de stratégie à la transition suivante. C’est finalement Tibo qui repart avec Sophie en VTT, pour une courte section de 15 km et 250 m de D+. Un peu de montée sur route, une longue descente, le fameux passage dans un camp naturiste (!!) et une longue remontée sur piste, avant une dernière descente technique jusqu’au village de Ceilhes. Une section bouclée en un tout petit peu plus d’une heure, c’est parfait ! Sauf qu’à l’arrivée, Gaël n’est pas là … L’orga nous apprend la mauvaise nouvelle, il a explosé un pneu du camion (+ la jante, suite à un choc avec une buse en béton). Il a dû s’assoupir (c’est le problème de ce format de raid en 2+1). Rien de grave, ce n’est que du matériel, mais (très) compliqué pour la suite du raid (pas de roue de secours). Les organisateurs nous disent qu’ils vont tout faire pour arranger ça. Sophie et Tibo repartent donc pour la section kayak. La première partie est surprenante et peu évidente en orientation ; avec une photo aérienne, il faut sortir de la zone « encombrée » par plusieurs centaines de buissons et arbres sur le lac. Ensuite, 5 balises à prendre dans un bras plus étroit de la retenue d’Avène. Trois quarts d’heure plus tard, grosse joie en voyant Gaël à la transition (et toutes nos affaires). L’orga l’a rapatrié pour que nous puissions continuer et ils viennent de trouver une roue de secours à nous prêter (merci à Olivier). Ils retournent faire le changement de roue et on récupère le camion une demi-heure plus tard. Un immense merci à eux ! Pendant ce temps, Sophie et Gaël effectuent la section swimrun (5 km avec deux traversées à la nage, dans une eau étonnamment chaude).
 
Petit coup de stress quand l’orga annonce la barrière horaire suivante à 23h après les 48 km de VTT suivants (annoncés peu roulants …). Puis, correctif un peu plus tard, il s’agissait de l’ouverture de la section trail suivante et non sa fermeture. Ouf ! Dans tous les cas, il s’agit d’une grosse section, avec plusieurs balises difficiles. Le début est roulant, et on ne trouve pas la première balise (qui était mal placée). Elle devait être à une intersection entre la piste et le GR ; elle était apparemment une centaine de mètres avant en bordure de piste, mais à la tombée de la nuit, nous ne l’avons pas vu (nous étions 3 équipes). Nous décidons ensuite de shunter la balise 37, puis d’aller chercher la balise 38, vers laquelle nous retrouvons Nantes Aventure (qui courent à 4). Un moment sympa ! Sur cette longue section, l’orga avait autorisé une « transition » dans le village de Truscas, ce qui permettait soit un changement d’équipier, soit un shunt en camion pour la seconde partie (très physique), ce que feront les Nantais. Rien de tout ça pour nous, on passe la rivière et c’est parti pour une très longue remontée vers la balise 39. Sauf que rien ne passe sur le vélo. 500 m de D+ en portage, dans des pentes de plus en plus raides. Un enfer ! En haut (col du Faou), le vent souffle très fort, on met le coupe-vent. Tibo se rend compte à ce moment de son erreur de tracé (fait dans l’urgence et avec le stress de savoir si nous pourrions continuer ou pas), il y avait une piste (difficile) qui montait à la balise 39 ! Petite rencontre avec un sanglier sur la piste puis redescente vers cette balise 39 (eh oui, en plus, nous étions trop haut) où nous croisons successivement les 3 équipes de tête. Une fois pointée, il faut remonter avant de basculer vers la balise 41 puis la fin de section. Ça devient très compliqué pour Gaël au niveau du sommeil, on essaie de parler, ça ne suffit pas toujours. Petite pause dodo de 5 minutes avant de plonger vers l’arrivée à Saint Gervais sur Mare.
 
Petit changement à la transition, c’est Sophie qui repart en trail avec Tibo sur la 16ème et avant-dernière section. Repos pour Gaël, qui va dormir avant d’effectuer la liaison en camion. La barrière horaire finale (11h) n’est pas gagnée, il faut donc faire au plus court sur le trail. Un joli cafouillage en orientation pour sortir du village, et c’est parti pour les 380 m de D+ jusqu’au Col de Madale. Sophie mène un bon rythme, Tibo suit comme un zombie derrière (dur l’absence de sommeil). Il est régulièrement décroché puis trottine pour se réveiller. Après le col, on fait le choix de prendre au plus court par la route. C’est long et monotone, mais il faut assurer pour la suite. Sophie maintient le rythme, Tibo s’accroche. On était pas loin de sortir la longe ! Au final, 2h15 pour cette section et une seule balise (à 2 heures) de pointée. Pas rentable mais c’est le jeu. À l’arrivée à Douch, pas de camion … On va voir l’orga, qui contacte l’équipe de bénévoles de la transition précédente, le camion est toujours là-bas ! Une bénévole va réveiller Gaël, qui n’a pas entendu son réveil, ni l’appel de Tibo par téléphone. Pendant ce temps là, petit dodo pour Sophie (dans une voiture de l’orga). Gaël arrive 40 minutes plus tard, désolé de cette deuxième mésaventure. Réveil difficile pour Sophie. On fait le point sur le tracé de la dernière section VTT, longue de 67 km et 1000 m de D+. Sophie et Gaël repartent vers 5h25, avec une barrière horaire finale à 11 heures à Tourbes. La première partie n’est pas évidente et on fait le choix de shunter la balise 47. La fin semble plus roulante mais c’est long. C’est dur pour Sophie sur cette section, chacun son tour !
 
L’équipe franchit la ligne d’arrivée, en compagnie des XTTR 63 et des Absolu Raid mixtes, vers 10h15, après 38 heures de course. Douche, rangement du camion, petit dodo pour Sophie et le traditionnel repas d’après-course en compagnie notamment des copains de Nantes Aventure. Et une cérémonie de remise des résultats dans une très bonne ambiance « du Sud ». Pour nous, la 4ème place au scratch et 2ème équipe mixte, derrière XTTR 63 (hommes), Absolu Raid (mixtes) et Absolu Raid Nature 46 (hommes).
 
Un grand merci à toute l’équipe d’organisation. Organiser ce type de raid avec une aussi petite équipe (12 bénévoles), c’est exceptionnel ! On a adoré le tracé, la gentillesse et la disponibilité des bénévoles et comme toujours l’ambiance avec les autres équipes. Mention spéciale à ceux qui nous ont dépanné le camion.
 
Pour une prochaine édition, quelques petits conseils pour l’orga. Ne soyez pas trop ambitieux sur le parcours (surtout pour les équipes qui étaient en format non-stop 4+1). C’était un peu frustrant de shunter autant de balises en fin de raid (et forcément encore plus pour ceux qui ont dû shunter des sections entières). Et cette règle du transfert en camion sans pénalité, ce n’est pas possible. Il faut garder cette possibilité de transfert (sécurité pour l’orga), mais avec une grosse pénalité en plus (10 heures par exemple).
 
Pour terminer, quel plaisir de reprendre les raids après cette (longue) période compliquée !