Raid Aran (ARWS Europe) – Bossost (Espagne) – 14 et 15 juin 2025
Une performance historique pour les Petits Suisses Normands. Habitués aux courses européennes et mondiales depuis une grosse dizaine d’années, ils montent pour la première fois sur un podium sur une course internationale, avec une superbe 3ème place sur le Raid Aran (Espagne), manche du circuit ARWS Europe.
Le compte-rendu de Tibo :
Quand Ghislain m’a proposé cette course (en fin d’année 2024) dans les Pyrénées (côté espagnol), je n’ai pas hésité longtemps. On a appris ensuite que les Championnats de France avaient lieu à Carcassonne à la même date. Dommage, mais aucun regret, un vrai raid de montagne avec Ghislain, ça ne loupe pas ! Surtout que Johann était aussi de l’aventure et que Ghislain a trouvé une équipière, Michelle, qui connaît les Pyrénées (monitrice de canyon l’été en Espagne et de raquettes l’hiver en France).
Après la déception du Ligéraid fin avril (abandon, suite à une grosse chute en VTT pour moi, alors que nous occupions la 6ème place de cette manche ARWS Europe), ce Raid Aran était l’occasion parfaite pour réaliser une belle course sur ce format (24-30h) que nous apprécions (enfin les trois gars, car Michelle n’a encore jamais fait de raid).
Après une petite acclimatation à la montagne pour Johann et moi le jeudi soir (petit trail nocturne avec Ghislain et nuit en refuge à 1800m d’altitude), petite balade dans le Néouvielle le vendredi matin, puis direction le Val d’Aran le vendredi après-midi. Il fait une chaleur écrasante dans la petite ville de Bossost. En attendant Michelle, on décide de monter un peu en altitude pour trouver de l’ombre en forêt. On en profite pour finir de préparer notre matériel de course et les sacs de transition. On retrouve Michelle vers 19h. Accueil, quelques infos (mais il faut les demander car il n’y aura pas de briefing) et on termine les sacs de transition. Michelle nous impressionne déjà ; elle n’a jamais fait de raid mais elle a déjà tout préparé, on n’a aucun conseil à lui donner sur la partie logistique. Petit repas et nuit dans le gymnase, où nous dormons étonnamment bien.
Le départ est donné le samedi matin à 9h, sur la place principale de la ville. Nous sommes engagées sur la course Élite, ouverte principale aux équipes de 4 mixte (format ARWS), mais il y a aussi quelques équipes masculines. En même temps, se déroule aussi la course Aventure. Le tracé est absolument identique, mais seuls deux équipiers (au minimum) doivent effectuer chacune des sections (les équipes sont constituées de 3 à 5 équipiers, qui peuvent donc se relayer). Cela fait donc un total de 47 équipes au départ (26 « élite » + 21 « aventure »).
Section 1 : Rogaine (C.O ordre libre) – 5 km / 400 m D+
Sur cette première section, l’organisation a placé 10 balises (entre 1 et 4 points), pour un total de 19 points. Nous devons pointer des balises pour 15 points, avant d’enchaîner la question suivante. On récupère la carte 5 minutes avant le départ, on choisit rapidement les deux balises à laisser et on se prépare à grimper. C’est parti ! Il y a deux façons de sortir de la place, mais les itinéraires se rejoignent rapidement. Ça part vite, ça court un moment, avant de passer en mode marche (pas le choix vu la pente). On est en 3ème, puis en 2ème position, derrière les basques d’Euskalraid, qui pointent les premiers la balise de la grotte.
On fait ensuite une petite erreur, mais nos deux supers orienteurs rectifient ça rapidement et sur la balise la plus éloignée, on reprend la tête. Ghislain se lance alors à bloc dans la descente. On suit comme on peut et on creuse l’écart. On termine cette section en tête (en 45 minutes), avec plus de 5 minutes d’avance sur nos premiers poursuivants.
Section 2A : VTT – 22 km / 1450 m D+
On effectue une bonne transition et on repart pour cette section qui s’annonce difficile, qui se décompose en trois morceaux. Une montée sur piste (350 m D+), une descente par un single et une seconde montée sur route et piste (1100 m D+). On gère la première bosse, en essayant d’être bien régulier. On est même surpris de ne pas être repris par les poursuivants. Petit chemin à gauche, pointage de la balise, puis une longue descente dans un single qui a été nettoyé. C’est très plaisant. On ne perd pas de temps. De retour dans la vallée, on attaque la grosse montée vers la transition suivante. Je tracte un peu Michelle, puis c’est au tour de Ghislain pendant une grosse partie de la montée. Elle est un peu gênée que l’on « gaspille » de l’énergie pour l’aider. On lui explique que c’est vraiment l’esprit du raid, que le but n’est pas d’aller plus vite mais bien de rester homogènes. En toute fin de section, on est repris par une équipe entièrement masculine (donc hors classement ARWS), puis par les basques d’Euskalraid. On arrive quasiment ensemble à un point d’eau, où l’on retrouve une 4ème équipe. On est un peu surpris car il s’agit de l’équipe de Vadim (Sud Loire Raid Aventure). Ils ont fait le choix de shunter la première balise et ont donc économiser 350 mètres de D+. On fait le plein des flasques, mais le débit n’est pas très rapide. Les basques ne sont pas très patients, ils remplissent leurs gourdes dans l’abreuvoir rempli de mousse verte … Un peu risqué ! Poussage de VTT pour la fin de section car la pente s’est bien accentuée.
Section 2B : Trek – 15 km / 1450 m D+
Les bénévoles mettent l’ambiance à la transition, mais on ne traîne pas trop. Il faut poursuivre la montée (700 m de D+) par les crêtes pour atteindre le sommet à 2517 m. Le rythme est bon au début, mais il commence à faire chaud. Ça commence à être difficile pour moi, je souffre de la chaleur et je galère un peu à suivre. Un mauvais moment à passer. Mais la vue est grandiose. Après ce long passage sur les crêtes, il y a un premier gros choix à faire entre les CP 6 et 7. Ghislain prend l’option courte (on sera les seuls à faire ce choix) où l’on réduit la distance et le dénivelé. Des isards déboulent devant nous, c’est magnifique. La progression est très bonne … jusqu’à la derrière descente dans les rhododendrons. C’est un peu long mais on finit par en sortir et on a quand même gagné un peu de temps.
Nous sommes actuellement 3èmes, derrière Euskalraid (1), Capra Alpina (6) et les français de FMR (2). On fait aussi un choix différent pour le retour à la transition. Descente, remplissage des flasques, on continue à descendre jusqu’à la piste. 200 mètres de plat, puis une montée droit dans le pentu. Ça va nettement mieux qu’une heure plus tôt (mon corps est redescendu en température), mais lorsque Ghislain me propose de porter mon sac pour la montée, difficile de refuser (je sais que pour lui ça ne changera quasiment rien, tellement il est en forme). Assez peu de changement au niveau des écarts sur cette section. La superbe orientation de Ghislain a permis de compenser mon coup de mou de la première montée. On sait que la course est encore longue, mais c’est un super début.
Section 2C : VTT – 22 km / 350 m D+ et 1175 m D-
On récupère les VTT et on attaque la descente. Pas si simple de trouver la trace par endroit, mais on ne perd pas trop de temps. Ça descend fort jusqu’à ce que l’on retrouve la piste. Petite frayeur à la fin car Ghislain n’arrive pas. Il a cassé un rayon. On sort la pince et on coupe ce qu’il reste du rayon. On croise les doigts pour que la roue tienne pendant le reste du raid. La suite de section est assez facile. On croise les copains de Sud Loire Raid Aventure et ceux de Passion Loire Aventure, qui sont encore sur le trek (avec une bonne heure de retard sur nous).
Section 3 : Canyon – 2 km / 180 m D+
On récupère le matériel de canyon (merci Michelle pour les combis et les baudriers) et on repart assez vite pour la marche d’approche. Ça chauffe bien dans cette montée. En haut du canyon, le guide nous indique que le machard (qui sert à s’auto-assurer) n’est pas utile : « ta main droite, c’est ta vie ! ». Sympa … Le canyon est un enchaînement de 4 ou 5 rappels, sur une roche très glissante. Le rafraîchissement est agréable, mais je n’ai pas trouvé la section particulièrement sympa.
Section 4 : Trek – 14 km / 1400 m D+
Ce deuxième trek est constitué d’une longue montée et d’une descente. La pente est progressive. Au CP 14, une petite tyrolienne nous attend au-dessus d’un barrage. Malheureusement, elle est annulée en raison d’un souci technique (câble détendu). On poursuit donc la montée. Le train FMR nous double, alors que nous avons pourtant un bon rythme. On s’enfonce dans un vallon très sauvage. C’est magnifique. Comme dit Ghislain, il ne manque plus que l’ours (bien présent dans la région). Notre progression est bonne et on se rapproche du point le plus haut de la section. En y arrivant, le vent se lève, avec une petite pluie. On met les vestes et on ne traîne pas en haut. Quelques passages sur des névés et on attaque la descente. Ghislain mène un gros rythme et tout le monde suit (un peu moins vite quand même !). Le coucher de soleil est magnifique, avec une mer de nuages en bas. On fait une grosse descente qui nous permet de reprendre FMR en bas (et même de les doubler sur une petite erreur de leur part), alors que la nuit est tombée.
Section 5 : VTT – 6 km / 100 m D+
On ne traîne pas à la transition, avant cette petite section de liaison. Un peu de route, une montée assez raide, puis un long chemin plutôt plat qui fait du bien. Tout roule pour le moment !
Section 6 : Trek – 10 km / 780 m D+
Après avoir effectué les deux premiers treks de jour, on s’attend évidemment à ce que celui-là soit plus compliqué avec la nuit. Mais, étant très en avance sur nos prévisions, on sait qu’une pause nous attend après ce trek (car on ne peut pas repartir sur la section 7 avant 6h30). Les conditions météo se dégradent. Le vent souffle très fort dans la première montée. Heureusement, notre chemin est un peu encaissé. On pointe le CP 21, avant de monter droit dans la pente. On aperçoit les lampes des FMR derrière nous. Ils nous reprennent en haut, à proximité du CP 22.
À suivre …