UT4M – Seyssins / Grenoble (38) – 22 au 24 Juillet 2022
Jean-Christophe était au départ de l’UT4M (Ultra-Tour des 4 Massifs), un trail estival de référence, sur le format XTREM 160 (qui fait d’ailleurs près de 175 km). Au programme, un grand tour de Grenoble en passant successivement dans les massifs du Vercors, du Taillefer, de Belledonne et de la Chartreuse. Il réalise une performance exceptionnelle avec une 15ème place en 38h05 (260 coureurs au départ, 88 seulement à l’arrivée).
Voici son compte-rendu :
Que retenir de cette course UT4M : 174 km, 12000 mètres de dénivelé, 2 nuits dehors …
Je suis arrivé une semaine avant la compétition, le jeudi 14 juillet, où l’on se pose avec notre camion (ma femme, mes filles et moi) dans le massif de Belledonne, à Chamrousse pour 4 jours. Je sais que c’est trop tard pour faire des vrais sorties montagnes donc pas de folie : deux randos en famille pour découvrir des lacs où je passerai lors du trail. Je fais juste une sortie intensité quand les filles pique-niquent aux lacs Robert, en direction du refuge de la Pra pour repérer un peu et confirmer qu’en plein Belledonne, c’est caillouteux !
Le lundi, direction la Chartreuse au Sappey. Idem : petite sortie d’1h le lundi soir au col de Porte, plus une dernière rando avec les filles à l’Ecoutou. Après, je me repose jusqu’au vendredi. Jeudi après-midi, on descend récupérer le dossard dans la fournaise de Grenoble.
Le jour J (vendredi 22 juillet), repas à midi avant de descendre au dernier moment vers le départ à Seyssins car il fait 40 degrés ! Départ à 15h en plein cagnard. Cette course se décompose par la traversée des 4 massifs autour de Grenoble :
– Le Vercors 38 km, 2800 mètres D+ et 2700 mètres D- : c’est le massif le plus roulant (façon de parler !) mais il fait très chaud jusqu’à Lans en Vercors (je pense avoir eu une petite déshydratation à un moment dans la montée vers le Moucherotte). Les sensations sont moyennes et je pense que j’aurai dû lever le pied quand je n’étais pas bien. Petite descente vers le haut de Lans en Vercors. Les bénévoles sont très accueillants et nous arrosent au jet! Je m’arrête 5 minutes environ puis direction la seconde montée du massif Pic St Loup. C’est un peu plus technique sur la fin de la montée. Les sensations ne sont pas terribles et quelques pensées négatives arrivent dans ma tête. J’essaie de les faire partir en me disant que je suis conscient qu’il y a des hauts et des bas dans un ultra trail. Il faut gérer ces bas même si je suis un peu inquiet que cela arrive si tôt dans la course. Les sensations reviennent dans la descente vers St Paul de Varces. Petit ravitaillement à l’heure de l’apéro puis il faut remonter 500m D+ suivi d’une descente équivalente pour atteindre la première base de vie à Vif en 6h25. 20 minutes d’arrêt : je mange des féculents mais à la fin je vois que j’ai plus de mal à les assimiler. Je repars. Il fait nuit.
– Le Taillefer 49 km, 3500 mètres D+ et 3300 mètres D- : Je suis plutôt bien dans la première partie de la nuit (lac Laffrey et jusqu’à la Morte). Lors de ce ravitaillement à 2h30, gros coup de mou, je n’arrive pas à bien m’alimenter et je sens que cela ne sert à rien de repartir dans la foulée. Je vois un coureur aller se reposer juste derrière, je décide de faire de même. 10 minutes allongé sur un brancard me permettent d’aller un peu mieux. Je repars, un peu dans le gaz quand même. Ravitaillement suivant : Lac Poursollet. Je change de stratégie, je me mets à la soupe vermicelle et c’est bien mieux pour moi. Je m’allonge à nouveau 5 minutes mais dehors donc j’ai un peu peur d’avoir froid. Ensuite cela va mieux : lever de soleil autour des lacs pour ensuite entamer la descente vers Rioupéroux avec 1500m D- ! Surprise, petite averse en milieu de descente pour arriver à la base de vie en 10h25 sur ce massif. Je retrouve ma femme et mes filles : cela fait du bien. J’ai déjà les pieds dans un piteux état (ampoules et coup sur le gros orteil). Je prends l’option de prendre mon temps : petite douche non officielle, soin des pieds par un pédicure, alimentation avec de la crème chocolat soja/céréales que j’avais demandé à Claire (cela passe bien, je me reconnecte à l’horaire, il est 8h du matin) et hydratation. Je repars au bout de 45 minutes et donne rendez-vous aux filles à la troisième base de vie.
– Belledonne 45 km, 3100 mètres D+ et 3400 mètres D- : J’attaque le kilomètre vertical (3,2kms pour 1000m D+) balisé vers le Plateau de l’Arcelle en forêt. Je monte à mon rythme sans m’essouffler pour éviter de monter dans les tours. Au Plateau de l’Arcelle, le soleil est de nouveau présent et il fait chaud ! Petit replat, ravitaillement en plein soleil (pas top) et on repart pour 700m D+ encore vers la Croix de Chamrousse. Sur cette partie, il y a beaucoup de monde car ce jour-là plusieurs courses dans le même massif : le 40kms de Belledonne et aussi le 100kms qui termine sur le même parcours que le 170kms ! Il convient de doubler les moins rapides et il y en a…
Ravitaillement là-haut, j’essaie de bien manger et de prendre quelques provisions car le prochain ravitaillement solide est dans 19kms ! Descente vers les lacs Robert où je m’étais baladé avec les filles puis direction le refuge de la Pra. Partie assez longue car beaucoup de cailloux… puis direction le point culminant du trail, le Col Freydane (2750m). La fin est dans un véritable pierrier mais la vue est superbe sur des glaciers en montant et également au sommet. Le début de la descente est dangereuse, les pierres roulent et beaucoup de monde à doubler avec le passage des différents trails. Enfin le ravitaillement à Pré Long : cela fait du bien de reprendre quelques forces avant de m’engager vers la descente vers Villars-Bonnot puis les 6kms de plat vers St Nazaire les Eymes (base de vie). Cette partie se passe bien et j’arrive à bien courir sur le plat contrairement à beaucoup de coureurs. Je termine ce massif en 10h30.
Je retrouve Claire et mes 2 filles : cela fait du bien. Je choisi la même option qu’à Riouperoux : prendre mon temps = une vraie douche cette fois-ci, puis je vais voir pour me faire soigner les pieds par un pédicure. Et ensuite il accepte de me masser ! Je m’alimente bien avec crème chocolat soja et céréales et m’hydrate bien, comme à la base de vie précédente. Je repars au bout de 50 minutes : il est 20h15’ et prend acte pour rallier l’arrivée au petit matin !
→ la Chartreuse : 42 km, 2800 mètres D+ et 2900 mètres D-. Je commence par la sortie de la ville en léger faux plat montant, je peux courir. Le ravitaillement m’a vraiment redonné des forces physiques et mentales. La deuxième partie de la montée en forêt est un peu plus pentue mais cela se passe bien (pas d’arrêt). La frontale est de sortie. Arrivé au ravitaillement Emeindras un peu après 22h, je reprends mon rituel de nuit avec une bonne soupe vermicelle pour attaquer la montée vers le sommet de Chamechaude. Je connais cette partie-là que j’avais faite en rando l’an dernier. Il y a quelques coureurs en même temps que moi mais beaucoup sont sur la course des 100kms. La partie à découvert est plus pentue, je ne prends pas de risque, je sors pour la première fois la veste même si je n’ai pas spécialement très froid (conseil d’un bénévole au dernier ravito). Passage au sommet avec une superbe vue de nuit sur la vallée et le Sappey. Je sens que les jambes sont bonnes mais je ne m’enflamme pas car tout peut aller tellement vite… Je descends bien vers le col de Porte (ravitaillement en soupe) puis le Sappey en Chartreuse. Je m’arrête 10 minutes environ pour manger 1 barre de céréales (cela faisait longtemps) et comme d’habitude une soupe aux vermicelles. Je suis beaucoup mieux que la plupart des coureurs à ce ravitaillement. Dernière vraie montée vers le Fort St Eynard (superbe vue sur Grenoble dans la nuit). Je garde le même rythme que d’habitude en montée. Peu d’essoufflement, rythme régulier sans arrêt. Descente assez technique en forêt vers le col de Vence. Dernière soupe puis dernier faux plat montant de 2kms peu pentu avant d’attaquer la descente sur Grenoble sur un bon rythme. Je double des concurrents du 100kms et un du 170kms… J’arrive même à bien relancer dans la ville pour clôturer ce massif en 8h55. Il est 5h du matin ! Je termine en 38h05. Pas grand monde à l’arrivée. Claire et une de mes filles arriveront quelques minutes après mon arrivée. Quel bonheur d’avoir réussi ce nouveau challenge et surpris de terminer 15ème !
Une expérience supplémentaire d’ultra à mon actif (même si elles ne sont encore pas nombreuses), un dépassement de soi, un partage de cet évènement avec Claire, Camille et Noémie sur deux bases de vie (merci à elles car cela redonne de l’énergie), des moments compliqués à gérer en début de course (déshydratation dans le Vercors, difficulté à m’alimenter dans la première nuit dans Taillefer), une superbe traversée de Belledonne malgré les nombreux cailloux, une dernière nuit en Chartreuse avec de très bonnes sensations qui permettent de bien finir cette course.