Championnat de France Adultes – Drôme/Ardèche – 16 au 18 Octobre
Pour cette édition du Championnat de France des raids multisports, deux équipes de Petits Suisses Normands ont fait le déplacement. Une équipe mixte composée de Sophie R, Nicolas S, Thibaut R et Vadim H était engagée sur le Championnat de France, tandis que notre « recrue » Maël P accompagnait nos deux novices du raid Lise R et Dominique F sur la formule open (même parcours, mais course réservée aux équipes non licenciées ou qui n’ont pas fait de manches qualificatives).
Après un court prologue en relais le vendredi après-midi, les équipes se sont élancées à 6h le samedi matin pour une grosse centaine de kilomètres en VTT, trail, C.O et kayak dans la Drôme (entre Saint Paul Trois Châteaux et Bourg Saint Andéo). Le lendemain, nouveau départ de très bonne heure (5h) pour 66 km à travers l’Ardèche, avec une magnifique descente des gorges de l’Ardèche en canoë (entre le Pont d’Arc et Saint Martin d’Ardèche).
Dans une course très relevée (il n’y avait jamais eu une telle densité sur un Championnat de France) et sur un format un peu trop court et nerveux pour eux, notre équipe prend la 25ème place au scratch (sur 44) et termine 12ème équipe mixte. En open, c’est une 22ème place au scratch (sur 30) et 5ème équipe mixte.
Le compte-rendu de Tibo :
Vous pouvez commencer par lire le compte-rendu de Vadim, notre copain de Sud Loire Raid Aventure, avec qui on a l’habitude de courir sur les raids longs et qui nous a rejoint pour la première fois sur un Championnat de France : https://muscadaytrail.wixsite.com/slra/post/la-finale-des-raids-2020-maintenue
Un joli résumé qui met l’accent sur la superbe ambiance dans notre équipe, ainsi qu’avec la deuxième équipe P’tits Suisses et tous les copains croisés sur le raid (Pacaraid, Princes Noirs, Team GC, Saint Just, Valmo, Ligéraid, Baragnas et j’en oublie), et bien évidemment la qualité du tracé, avec une mention particulière pour la descente des Gorges de l’Ardèche en kayak.
Dans mon compte-rendu, même si je partage complètement l’avis de Vadim, je ne vais pas répéter la même chose. Je souhaiterais évoquer quelques points plus « sensibles ». L’idée n’est absolument pas de faire polémique, mais plutôt d’amener une réflexion, en s’appuyant sur cette course, pour ceux qui voudront bien me lire. Je précise bien que j’écris en mon nom propre (et pas celui de mon club), même si un certain nombre de raideurs (de différentes équipes) partagent mon point de vue sur certains éléments. Et bien sûr je suis ouvert aux remarques sur les différents thèmes abordés. Pour préciser un peu les choses, c’était ma neuvième finale nationale consécutive (devenue Championnat de France en 2017), huit fois en tant que concurrent et une fois en tant qu’organisateur.
Tout d’abord, je voulais féliciter toute l’équipe d’organisation de s’être « battue » jusqu’au bout pour organiser ce Championnat de France, ce qui est déjà difficile (et chronophage) en temps normal mais encore davantage en cette période covid (nous en avons fait l’expérience début octobre pour une « petite » organisation à la journée). Même si j’émets certaines critiques dans la suite, je n’oublie pas le boulot qu’il y a derrière l’organisation d’une telle manifestation. J’en profite aussi pour remercier tous les bénévoles qui ont œuvré tout le week-end.
Premier sujet sensible, le prix d’inscription. J’ai déjà exprimé mon avis sur les prix d’inscription à certaines courses internationales, qui ont flambé ces dernières années, avant de redevenir un peu plus « raisonnables » ces derniers temps, mais jamais évoqué le sujet sur les courses en France (je n’y fais d’ailleurs pas trop attention habituellement). Ces dernières années, l’inscription tournait autour de 70 € par personne pour le Championnat de France. Cette année, c’était 95 €. Pourquoi pas … s’il y avait des « prestations » en plus (je n’aime pas ce vocabulaire commercial, car on fait du raid par passion, mais si j’en parle c’est parce que ça me semble exagéré).
L’inscription incluait deux nuits en camping. Plus d’une heure et demi d’attente pour pouvoir rentrer dans le camping (même si l’organisation n’est pas responsable du caractère de la gérante, il y avait peut-être moyen de faire mieux), des douches glacées le premier soir, pas de lumières dans les sanitaires (pas de souci, on a des frontales !) et un peu d’eau tiède le deuxième jour. Heureusement, le raideur n’est pas très exigeant sur le confort. Deux repas étaient inclus également, rien à dire, c’était parfait.
Le second point qui me fait réagir concernant le tarif : les kayaks. Nous savons tous que c’est une dépense (très) importante quand nous organisons un raid. Sauf que cette année, les kayaks personnels étaient autorisés (j’en reparlerai un peu plus tard). Donc pas de location de matos kayak (kayak, gilets, pagaies, casques) ni de transport pour 39 % des équipes (statistique annoncée sur la page Facebook FFTRI Raids), et une remise de seulement 20 € par équipe concernée (5 € par personne).
On peut ajouter à cela le dépôt des kayaks à effectuer par nos propres moyens le samedi soir (plus de 2 heures au total). Même si nous avons été plus rapides que nos estimations sur l’étape du samedi, est-ce bien « utile » entre deux étapes d’un Championnat de France ? Certaines équipes ont réussi à déléguer ce transfert, tant mieux pour elles …
Il était initialement prévu du rappel et de la spéléo sur le raid, qui elles aussi engendrent des frais supplémentaires (mais qui sont toujours très appréciées). Même si ce n’était évidemment pas la volonté de l’organisation (cela a bien été expliqué au briefing), elles ont été annulées ! Pour terminer sur les frais engagés, nous avons beaucoup apprécié les trois cartes par équipe et sommes bien conscients du coût du dispositif de secours, d’autant plus que certaines zones ne sont pas simples à sécuriser. Et nous n’oublions pas qu’il y a eu un transport de vélos le dimanche pour les équipes du Championnat de France (les autres étant gérés directement par les assistants des équipes).
Parlons maintenant des kayaks. Pour la première fois sur un Championnat de France, les kayaks personnels étaient autorisés. Avec la très grosse section (26 km) dans les Gorges de l’Ardèche, il était évident qu’ils apporteraient un avantage conséquent (à condition évidemment de choisir une embarcation adaptée au niveau technique de l’équipe). Cette décision a contraint quelques équipes (dont une équipe du club) à ne pas faire le déplacement, mais vu la qualité des équipes engagées, elles furent très minoritaires. De notre côté, pour nos deux équipes, nous avions réussi à trouver trois K2 biwok (des kayaks de mer qui semblaient être le meilleur compromis pour ce genre de section, sachant que nous ne sommes pas des kayakistes). Merci d’ailleurs à Arnaud, notre président des P’tits Suisses Normands, qui a géré tout cela, et merci au Comité Départemental de canoë-kayak du Calvados et à la base de Merville-Franceville pour le prêt. Honnêtement, nous nous sommes régalés sur cette section, autant par le décor somptueux des gorges que par la qualité de navigation de ces bateaux. Mais j’avais quand même ce sentiment de « mauvaise conscience » en doublant des équipes qui avaient des sit-on-top de location. En comparant avec des équipes sensiblement de notre niveau, nous avons mis une demi-heure de moins → 2h30 contre 3h. Ce n’est clairement pas le même sport !
Je partage tout à fait la volonté de la mission raids de la FFTRI d’améliorer la qualité des bateaux disponibles sur les sections kayak des raids français, mais attention à ne pas aller trop vite. Nous rêvons tous d’avoir un parc de kayaks performants au départ d’un raid (ce week-end m’a bien conforté dans cette idée), mais avec davantage d’équité entre les équipes.
Nous avions reçu fin 2019, comme les différents clubs et organisateurs français, une proposition d’équipement en K2 gonflables Itiwit. Difficile à l’époque de s’engager sur ce bateau pour plusieurs raisons. Chez les Petits Suisses Normands, nous avons accès à beaucoup de kayaks en cas de besoin (mais pas de bateaux « typés mer » car ce n’est pas la pratique de notre base et du club associé). D’autre part, les retours sur le modèle K1 Itiwit n’étaient pas très bons (notamment un manque de stabilité). Et enfin, cela reste un coût non négligeable, surtout que pour un club comme le nôtre, il en faudrait au minimum 4. On nous oppose toujours le prix de nos VTT quand on donne cet argument. Ce n’est pas complètement faux, mais le raid est déjà un sport onéreux (matériel et déplacements), ce n’est peut-être pas utile d’en rajouter si on veut le démocratiser. Je suis d’ailleurs preneur de retours d’utilisateurs (performance, stabilité) des K2 500 Itiwit ce week-end. Nous en avons aperçu quelques-uns, mais pas eu le temps d’échanger avec les équipes qui les ont utilisés.
Un autre point qui a pu faire débat ce week-end est le « format » de course, au sens large. Le prologue le vendredi à 16 heures a déjà fait débat sur Facebook avant la course. Il pouvait se justifier par la présence d’une cérémonie d’ouverture et d’un briefing, mais en raison du covid rien de tout ça … « Perdre » une journée de boulot pour moins de 10 minutes d’effort, bof bof ! Quant au prologue en lui-même, l’appellation C.O pour le dernier relais nous a fait sourire ; « tour de l’étang » aurait été plus adapté. Les trois autres relais ont bien été appréciés ; boucle très plaisante en roller, même si j’aurais bien fait 5 ou 10 tours.
Pour les deux étapes suivantes, nous avons vraiment adoré les sentiers parcourus (chez nous, impossible de faire 10 ou 15 km de single-tracks d’affilé sans croiser une route). Mais nous regrettons forcément les premières sections du samedi et du dimanche, où cela a beaucoup bouchonné en VTT (ce qui a conduit à quelques comportements pas très fair-play, plutôt rares en raid). Comme beaucoup, nous avons regretté le manque global d’orientation, mais nous étions prévenus (Hervé a bien expliqué au briefing la raison de l’absence de C.O IOF). Ce que l’on aurait aimé « en compensation », c’est la possibilité d’avoir des choix d’itinéraires à faire (c’est aussi ce qui fait la richesse des raids) et cela n’a quasiment jamais été le cas. Un peu dommage !
En ce qui concerne le matériel obligatoire, le règlement et les barrières horaires, l’avant-course a été « compliquée » (mais la suite s’est bien passée). Plusieurs points sont restés « flous » après le briefing du mercredi (en visio sur Facebook, à cause du covid). Quand on nous dit « ça fait partie du matos obligatoire, mais enfin c’est vous qui voyez … » ça me dérange un peu pour un Championnat de France. Nous avons aussi eu la surprise d’apprendre au briefing qu’il nous fallait des casques eaux-vives (ou multi) + gilets et pagaies, si nous avions nos kayaks personnels (ce qui était indiqué nulle part, le matériel aquatique étant normalement inclus dans l’inscription).
Le jeudi soir est apparue une nouvelle barrière horaire pour le départ kayak (début section 7), qui n’était pas du tout cohérente avec les barrières précédentes et les instructions données sur la feuille de route. Compte-tenu des estimations annoncées, elle pouvait inciter une grosse partie des équipes à effectuer des choix stratégiques (shunts). Après de nombreux échanges (et quelques tensions), elle sera finalement repoussée d’une heure (comme indiqué sur le tableau présent sur le site depuis plusieurs semaines)… mais ne concernera que très peu d’équipes car tout le monde sera allé plus vite que les horaires prévus.
Parlons maintenant des shunts. Cela me permet de revenir sur un des points qui fait débat depuis quelques années : raids stratégiques ou non ? Une des craintes des raideurs lorsque le raid a rejoint la FFTRI était que les épreuves perdent leurs spécificités et soient trop formatées. On peut être rassuré sur ce point, ce n’est pas le cas. Mais depuis la très belle finale « stratégique » chez les copains des Tyrannos en 2015 (c’est la culture des raids dans le Nord), cette notion de stratégie est évitée sur le Championnat de France. Personnellement, je trouve ça un peu dommage (tous les raids ne s’y prêtent pas, mais c’est une vision du raid qui a également sa légitimité), mais ça ne concerne qu’une seule course dans l’année, donc ce n’est pas bien grave.
Je reviens là-dessus, car la « nouvelle » barrière horaire annoncée (voir paragraphe précédent) incitait à une course stratégique pour un bon nombre d’équipes. Là-dessus, pas de problème (je viens d’en parler au-dessus), sauf que le règlement concernant les shunts était pour moi incompréhensible (je n’étais pas le seul). Ce sont forcément les deux petites C.O (environ 2 km) qui auraient servi d’ajustement pour la stratégie. Elles comportaient respectivement 8 et 10 balises (à 30 minutes chacune, première « surprise » ! Le but était de simplifier les choses → 30 minutes par balise sur tout le raid). Mais si on shuntait en totalité une de ces C.O, on prenait une mini pénalité forfaitaire de 30 minutes, pour un temps de course estimé par l’organisation entre 15 et 35 minutes (22 et 17 minutes pour nous + les changements de chaussures). Je pense que cela a été finalement (très) peu « utilisé » par les équipes. Mais une équipe qui oubliait une seule balise sur une de ces C.O (ça arrive !) prenait directement la même pénalité de 30 minutes. Surprenant ! Comme je l’ai dit plus haut, tous ces points « discutables » n’ont finalement eu que très peu de conséquence sur le déroulement du raid, mais c’est bien dommage que cela ait pu amener autant de tensions dans l’avant-course.
Pour terminer, merci à tous ceux qui agissent pour le développement de notre superbe sport qu’est le raid, en particulier tous les organisateurs qui ont réussi à maintenir leurs courses cette année malgré les conditions (très) compliquées, mais aussi ceux qui ont été contraints d’annuler leurs raids.
Ainsi se termine cette année de raid pour moi, avec seulement quatre courses (ARWS Patagonie / Raid Occitania / Orient’Oise / Championnat de France), mais un petit paquet d’heures d’effort quand même avec les copains et en pleine nature.
Tibo